L’EQUIPAGE DES CHIENS COURANTS DE LA HARDOUINAIS (22)

La Bretagne reste un royaume éternel, beau et sensible, où l’on ne se lasse pas de faire des découvertes, même quand on ne s’y attend pas. Parfois, le hasard qui n’en n’est pas un nous ramène au renouvellement du paradigme breton jamais figé dans son alliance fondamentale avec le vivant sous toutes ses formes.

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Ainsi, vous pouvez un jour découvrir le Domaine de la Hardouinais organisé autour du village de 22230 Saint Launeuc, à 40 mn de Rennes en voiture. Un énième village de 200 Ha me direz-vous ? Pas tout-à-fait.

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Sinon une bonne fée, un enfant du pays (de Merdignac) qui a réussi, René RUELLO, ex-géant de l’agroalimentaire (PANAVI – viennoiserie) et Président marquant par épisodes du Stade Rennais Football Club pendant 13 ans, y a investi sa manne depuis 2009, avec la Communauté de communes, pour en faire un produit de qualité.

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Il y le Château de la Bruyère, le Centre équestre, le grand étang et la pêche, l’Auberge Ar Duen avec ses 3 restaurants et hôtel, le Potager, les chasses organisées dans les 2200 Ha de forêt, le Chenil des Chiens courants du Foeil…Vous êtes immergés dans le charme intemporel du lieu.

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Hardouinais, Ar Duen nous ramènent à Arduinna, la déesse celte, au côté noir et sombre de la Force. Féeric vous en dira plus sur l’Ardenne, sans oublier son axe avec la Bretagne. Territoires connus des Soeurs lointaines

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VISITE AU CHENIL DE LA HARDOUINAIS AU FOEIL 22230 SAINT LAUNEUC

ENTRETIEN ENTRE

MICHEL DE GIGOU (MDG) – Maître d’Equipage,
BRUNO JEHANNE (BJ) – Administrateur, Communication, Internet,
David MONTOUX, dit Débuché – le Piqueux,

et ERIC LE NOUVEL (ELN), le 20/4/18.

Equipage

L’EQUIPAGE DE LA HARDOUINAISwww.equipagedelahardouinais.com

« L’Equipage est fondé en 1967, dans la voie du Cerf, par la Comtesse de GIGOU et la Comtesse de LORGERIL. Il est composé à l’origine de 70 Anglo-Français tricolores provenant de l’Equipage de Fresnay, du Piqu’Avant Bourgogne, du Rallye l’Aumance … A partir de 1972 l’Equipage abandonne les Anglo-Français pour se spécialiser dans le Français tricolore. » Il est locataire au Chenil du Foeil.

 

 

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Il vient de fêter ses 50 ans d’existence (1967-2018). Rassemblant une meute de 150 chiens courants de la race des français tricolores, plus 30 servant à la reproduction. On compte aussi 20 chevaux opérationnels.

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  • Les Chiens courants, objet principal de notre visite, seraient donc uniques dans la biodiversité ? (ELN)

    MDG : Oui, on est tout-à-fait dans ces équilibres, entre la nature, la forêt ; on est un acteur de l’ensemble, puisque la chasse est un élément primordial, elle a toujours existé. On chasse maintenant avec d’autres moyens, des chevaux, etc. Avant, les gens chassaient tout seuls pour se nourrir. Aujourd’hui, on a pérennisé un certain nombre de choses, mais on reste quand même des facteurs de maintien de l’équilibre entre la faune et la flore, c’est clair.

Je sors ce matin d’une réunion avec l’ONF, où après la présentation des résultats de la dernière saison de chasse, ils nous ont tous emmenés en forêt de Loudéac pour nous montrer comment ils opéraient, pour que les animaux essaient de préserver les plantations qui sortent des semis. Et voir comment ceux-ci pouvaient être orientés, comment leur organiser des cloisonnements pour les diriger, etc. Vous voyez, là-dedans, la chasse s’installe complètement dans l’équilibre de la biodiversité.

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  • On dit que les chiens courants sont une spécialité française ?

MDG : Les Anglais sont aussi présents, mais en nombre de races, en France, oui.

  • Alors, pourquoi ces chiens-là sont les plus naturellement compagnons des chasseurs ? Il y en a bien d’autres…

Écoutez, c’est simple, il n’y a rien qui ne soit inventé sans qu’il n’y ait un véritable objectif. Tout se fait en fonction de l’équilibre à atteindre. La race de chien que l’on a là – c’est une race récente, son standard date des années 50. Avant le (chien) français n’existait pas, il y avait le Foxhound, le Poitevin, le blanc et noir. Il y avait tout un tas de races de chiens courants. Mais un jour quelqu’un, M. de FALANDRE, a décrété qu’il fallait créer un standard correspondant aux besoins. Et il l’a mis en forme sur le papier.

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Et on a été avec lui l’un des premiers à avoir cet équipage. L’objectif était de chasser le cerf. Donc, il fallait des chiens physiquement assez costauds, parce que les chasses peuvent être longues. L’animal n’est pas toujours un herbivore ventru avec la panse pleine, il peut être sportif surtout quand il s’agit de jeunes cerfs. Et puis, nous avions aussi besoin d’un chien qui ait du nez parce qu’avec les difficultés que l’on rencontre aujourd’hui avec le change, les populations de grands cervidés n’étaient pas très denses il y a 40 ans. Aujourd’hui, voilà encore quelque chose que la chasse a pu apporter, la situation n’était pas normale, les forêts où il n’y avait pas d’animaux. Eh bien, il y en a aujourd’hui ; le changement était nécessaire. Donc, il fallait un chien de qualité et physiquement résistant.

  • Et d’où vient leur côté fusionnel ? On le retrouve ailleurs ?

BJ : Ce sont des chiens d’ordre. Quand on fait des démonstrations, on voit très bien qu’ils chassent sur le même pied, c’est une homogénéité de meute totalement différente des chiens d’arrêt qui sont des solitaires, ou éventuellement parfois à deux ou trois « à patron ».

Meute

MDG : Est-ce que l’effet de meute n’est-il pas un effet naturel ? Le loup est le modèle d’origine du chien : il vit en meute. J’ai l’impression que l’on a fait que cultiver cet instinct.

Débuché : On cultive cet instinct dès leur naissance.

MDG : C’est d’ailleurs assez marrant d’entendre les gens qui ne connaissent pas nous demander de préserver 4,50 m2 par chien pour leur couchage, alors que là ils sont tous couchés les uns sur les autres !

BJ : Ici, c’est un vrai élevage professionnel avec toutes les normes.

Débuché : Ils sont nourris une fois par jour. Ils mangent 1,5 kg par jour. En période de chasse, c’est plutôt proche des 2 gros kilos.
Ici, nous faisons beaucoup de prévention pour éviter les maladies. Vaccinés dès le départ, et ensuite, rappel tous les ans. Nous veillons à ce que la maladie de ne se développe pas. Il y en a toujours un qui a la gastro, mais nous arrivons à la contenir grâce à l’hygiène.

 

 

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Il se reproduisent une fois par an. La dernière saillie date de décembre/janvier. Une portée compte de 6 à 10 chiots. Et une en a fait 15 cette année.
Nous avons 80% de mâles et 20% de femelles.

MDG : C’est ce que l’on garde : ce n’est pas la répartition naturelle, c’est notre choix. Une bonne partie des femelles est donnée à des collègues.

  • Y a-t-il des familles dans les chiens français tricolores ?

Oui, sûrement, il y a des lignées qui sont importantes. Dans tout élevage, c’est l’origine qui prime dans les croisements, pas l’exception dans une famille.
Si le chien est bon, et qu’il sort d’une bonne famille, là on augmente ses chances d’avoir un bon résultat.
Quand on met un mâle à la reproduction, c’est sûr qu’il faut qu’il soit et bon et d’une bonne famille. Idem avec les femelles. On améliore toujours génétiquement en accouplant les meilleurs.

Chasse

  • Quant à vos territoires de chasse ? La Hardouinais avec 2000 Ha…?

BJ : Non un peu plus, 2200 Ha. Et Loudéac, pareil, avec 200 Ha de plus. Il y a aussi le Gâvre, entre Nantes et Rennes, près de NDDD dont on parle actuellement, et que tout-le-monde va pouvoir situer. Sans oublier les invitations.

  • Et « Brocéliande » là-dedans ?

BJ : « Brocéliande » fait partie depuis longtemps de notre zone de chasse, il s’agissait d’un massif couvrant l’ensemble de la Bretagne. Les massifs actuels n’en sont que des parties. Pensez à la migration des cerfs de la Forêt de Lanouée à celle de Loudéac, puis à celle de la Hardouinais, à travers une véritable coulée verte. Les anciens traités de chasse attestent déjà de ces parcours ancestraux, perturbés par l’urbanisation. Pour le tracé de l’autoroute, les chasseurs ont d’ailleurs été consultés pour connaître les pérégrinations des animaux, et prévoir des corridors.
Il y avait des chasses à loup auparavant qui duraient 2-3 jours et qui finissaient en forêt de Villecartier (près Antrain dans la Manche), et près de Rennes.
De fait, il y a un Équipage à la sortie de Paimpont, (le Rallye Bretagne), où nous sommes parfois invités.

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  • Dans toutes les rumeurs un peu folles qui circulent actuellement sur la Chasse à Courre, il y a celle où les restes du cerf abattu seraient offerts en pâture et récompense à la meute des chiens. Est-ce vrai ?

MDG : Le bipède peut être nourri par le gibier, mais pas le chien.

Débuché : C’est du n’importe quoi. Je vous ai dit tout-à-l ’heure qu’un chien se nourrissait avec 2-3 kg de viande par jour. Là, pour un cerf pesant 150 kg-200 kg, ce n’est pas possible de nourrir 150 chiens !

MDG : Et il faut 2 chasses et demie pour prendre un cerf. Et par saison, 75 chasses environ.

BJ : Tout ceci fait partie des fake news.

MDG : Ces choses-là, sont pas répertoriées, reprises, suivent leur cours et s’installent, si elles ne sont pas rectifiées. Et il n’y a pas que cela. Certains racontent qu’on laisse les chiens affamés pendant 3-4 jours pour être sûr de les rendre plus agressifs. Essayez de ne pas manger pendant 4 jours et allez courir derrière !

 

 

BJ : Je vais vous raconter encore une histoire qui va vous faire rire. Après l’épisode de la forêt de Compiègne, il y avait à la télévision une petite dame complètement éplorée parce qu’un cerf se retrouvait sans bois, comme si les chasseurs les avaient coupés ; au mois de mars, en période de mue, alors que c’est la nature ! De plus, elle était sérieuse, elle parlait sur une chaîne parlementaire dans une émission organisée par les anti-chasse. Arriver à ce niveau de bêtise, c’est pathétique. On demande à des gens d’avoir des idées sur des sujets dont ils ne connaissent rien. Et après on les instrumentalise…

  • Sinon, est-ce que votre Équipage est béni chaque année à la Saint Hubert ?

MDG : Oui, cela fait partie des traditions, une fois par an, à la messe dans l’église du bourg de Saint Launeuc, et la bénédiction devant, où on amène les chiens, souvent le premier week-end de Novembre après la Toussaint.

 

 

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  • Combien de personnes composent votre Équipage ?

MDG : Le noyau dur c’est 80 personnes en gros.
Il faut distinguer entre les chasseurs et les veneurs. Il y a aussi les Boutons, ceux qui portent la tenue. Après il y a les Gilets, ceux qui portent le petit gilet mais pas la tenue. C’est une cotisation différente. Et puis, il y a les gens qui suivent de façon assez régulière, et auxquels on pourrait demander, mais cela vient spontanément, une petite cotisation de l’ordre de 150 €. Ce sont les Suiveurs.

Et il y a aussi les gens qui suivent et qui ne donnent rien. Il a aussi ceux qui donnent plus, et ceux qui ont donné et qui ne donnent plus. Il y a tout un tas de choses.

BJ : De fait, c’est un système d’actionnariat. Une grande partie des membres appartient au milieu rural, et paie sa part par son travail. On est entre passionnés : certains donnent plus, d’autres moins. Et même au-delà, une notion entraide ; quand l’un n’arrive pas à payer, le groupe y pallie en attendant des jours meilleurs. Nous sommes tous dans ce modèle social. Rien à voir avec ce que les détracteurs racontent, sur fond de lutte des classes…

MDG : Je connais bien le système du chasseur à tir : il se projette 2 à 3 années en avant. Si l’on n’a pas cette vision de se projeter assez loin, il nous faut d’abord un élevage qui tienne la route, et qui dure. Les chiens qui naissent pas exemple en mars-avril de cette année, ne chasseront pour nous que dans 3 ans, et utilement que dans 4 ans, dans les bonnes saisons. Il faut un élevage durable, qu’il n’y ait pas de trous, des manquants, sinon vous le ressentez.

Et à part cela, nous en parlions tout-à-l ‘heure, il faut des territoires. Si vous avez l’un sans l’autre, cela ne fonctionnera pas.

  • Vous chassez tous les gibiers de la région ?

MDG : Non, les Equipages qui se respectent ne chassent qu’un animal, pour nous le cerf. Il a y en a très peu qui font, comme pendant longtemps notre voisin du Rallye Bretagne, le cerf et le sanglier. Nous, on n’a jamais chassé autre chose que le cerf.

Débuché : Un chien est créancé (dressé) sur un type d’animal, soit le chevreuil, ou le sanglier, ou le cerf, ou le lièvre…sinon après cela part dans tous les sens. Tout le travail du Piqueux et de son équipe c’est de l’empêcher de faire autre chose, et de se faire tous pénaliser. Quand vous commencez votre journée, les chiens sont calés sur l’odeur du même cerf à traquer. Car cela fait partie d’une de ses ruses que d’essayer de la couper. Par exemple, les cerfs traversent les rivières pour éliminer leur odeur et brouiller les pistes.

MDG : D’où l’adage « on ne chasse qu’un seul lièvre à la fois. » Et ça c’est très clair. Pour prendre un cerf il faut chasser, le faire courir pendant au moins entre 3 et 4 heures. Si vous en changez toutes les demi-heures, vous pouvez chasser jusqu’à la nuit. Il y a l’intelligence de l’homme, et aussi celle du chien. Et tout le travail de l’homme qui sert les chiens, c’est comme cela que l’on dit en Vènerie « l’homme sert les chiens », c’est de savoir lequel tient le bon bout.

 

 

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Donc, il faut repérer dans un premier temps les chiens qui sont un peu plus fins de nez que les autres. Une fois trouvés, il faut essayer d’amener les autres vers ceux-là, ou celui-là. Car il y a souvent un chien qui est un poil au-dessus de la mêlée. Il y en a 3 ou 4 suivant assez proches derrière. Et après cela se fait de façon relativement naturelle. Entre eux, ils se connaissent.

Débuché : Cela reste des chiens d’ordre. Forcément, c’est à nous d’encadrer toute l’équipe avec son degré d’implication. On essaye toujours de pousser la meute sur les bons chiens. Quand on fait une liste de chiens, on fait une équipe comme les joueurs de football. Les bons ne viennent pas à toutes les chasses, cela dépend aussi du territoire. Ils ont des temps de repos en fonction de leur état général. On ne les emmène pas tous et tous les jours pour toutes les chasses.

Et quant aux cerfs eux-mêmes, sans la chasse, ils ne seraient pas aussi entraînés dans leur mode de vie.

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MDG : Sauf erreur de ma part, quand c’est un bon chien qui montre l’exemple, les autres ne crient pas. On laisse de côté les turbulents. C’est intéressant de voir que c’est quand même une société organisée : les chefs, les sous-chefs, les jeunes, etc, et les bons à rien.

  • Chaque chasse est alors une aventure, avec son obligation de réglage et de synchronicité ?

MDG : Oui, comme toutes les chasses. Cela commence en amont.

Débuché : On choisit les chiens vers 7-8 mois, et après on les fait marcher en laisse, avec le collier à 2 mois. Quand ils sont prêts, ils intègrent la Meute les uns après les autres, puis on leur enlève le collier. Après, il faut les balader, les éduquer, garder le contact.
Chacun a un nom, et le Piqueux le connait individuellement

  • Ils sont marqués par la lettre H ?

MDG : Oui, H pour Hardouinais. La marque alphabétique est une tradition en Vènerie. Tout Equipage a sa marque. Mais on n’est pas le seul à utiliser le H, sans exclusivité.

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BJ : Tout ce travail dont on vient de parler, nos amis écologistes l’occultent. Pour eux, on a des chiens mobylettes, des chevaux mobylettes sans aucun affectifs … Quand on voit leur raisonnement, on sait très bien que ce sont des ultras idéologues, en guerre de religion, exerçant d’avantage la lutte des classes. C’est faux, ce n’est pas une histoire de classe sociale.

Là, on met en exergue la photo du fils de ROTHSCHILD pour des raisons évidentes. Vous pouvez aussi trouver Patrick VUITTON en Forêt d’Andaines (61), mais il ne chasse pas vraiment. Car, quand on est avec 15 copains, ce n’est pas vraiment de la chasse à courre, qui est très technique et demande beaucoup plus de chasseurs. Il fait donc appel à d’autres équipages amis. Maintenant beaucoup suivent même à vélo électrique. Nous sommes un mode de chasse le plus écologique et démocratique qu’il soit.

D’ailleurs, je souhaiterais citer un homme politique que l’on n’attendait pas dans ce registre, qu’on ne pouvait pas accuser de défendre les riches, à une époque où la Vènerie était, comme aujourd’hui très attaquée.

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Georges Marchais prenant sa défense rappelle alors que « la chasse à courre dans certaines régions relève de la tradition » et qu’elle est « le vecteur d’une certaine culture qui se perpétue depuis des centaines d’années. Elle fait l’objet de fêtes et de rassemblements populaires, et à ce titre dépasse la seule pratique de la chasse. En toute conscience, peut-on interdire cela ? « , interrogeait le député du Val-de-Marne.

Alors que si l’on s’occupait vraiment de la cause animale, on s’y prendrait autrement. Qu’ils aillent voir dans les Ardennes comment se passent les chasses, en mettant n’importe quel chien avec n’importe quel gibier, enfin bref…

C’est vraiment idéologique. D’autant plus qu’il y a un problème côté forêt suburbaine, comme à Rambouillet, etc. Et c’est facile de rallier des idéologues sur des sujets dont ils ne connaissent strictement rien. Tout le travail dont parlait Michel, de prévoir dans 3 ou 4 ans quelle sera la Meute, ou les territoires, parce qu’il y a des baux pour les forêts qui se renouvellent, etc. On ne dit pas « demain on va chasser dans telle forêt », cela ne se passe pas ainsi.

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Tout cela, c’est un travail de longue haleine. Faire une Meute, cela prend une dizaine d’années, ou plus. Nous avons connu déjà des ruptures pour plusieurs raisons. Et on a vu que l’année suivante, c’était beaucoup plus compliqué de la reconstituer pour chasser correctement.

MDG : La meute était coupée en deux, et la saison fut catastrophique. Une partie de la tête de la Meute était partie. Et elle ne se reconstitue pas simplement.

BJ : C’est un gros travail professionnel demandant énormément d’efforts, comme monter un élevage de chevaux. Ce n’est pas en un jour que l’on devient Champion du Prix de Diane, même si ça peut arriver, etc.

  •  Un chien courant vit combien de temps ?

Débuché : En moyenne c’est 8 ans. Ils vivent moins que les chiens de salon qui ne galopent pas. Ce sont des sportifs de haut niveau à qui on demande des efforts. Ils sont traités comme tels, et nullement affamés…Certains sont plus vieux, 10 ans, et sont en retraite, malheureux. Ils finissent leur vie ici, ils ont rendu un service permanent à l’Equipage, et font l’objet de reconnaissance.

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  • Quel est le montant de vos prises annuelles en gibier ?

MDG : Cela n’a jamais été secret, environ entre 40 et 50. C’est un plan de chasse, on ne prend que ce que l’on est autorisé à prendre, décidé par une Commission départementale multipartite, et qui nous dit : « Dans telle forêt, vous pourrez prendre tant de cerfs » – nous parlons-là uniquement de mâles.

Cette Commission comprend les représentants des chasseurs que sont les Fédérations, les représentants de l’Etat que sont les gens de la DDTM, des représentants de l’ONF, ceux de la garderie de l’ONCCF, les propriétaires de forêts, des écologues et éventuellement un intellectuel qui réfléchit aux choses de la Chasse, pour essayer de prendre un peu de distance, mais qui est parfois un peu déphasé.

Il y a toujours un petit peu de discussion, d’où jaillit toujours la lumière, dit-on. Et la Commission finit par décider. En aucun cas, nous décidons seuls.

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  •  Ce que l’on n’arrive pas toujours à comprendre au niveau du grand public pour la chasse en général, c’est de savoir s’il y a vraiment surpopulation animale ou pas. Quels sont les critères ? Cela reste flou ou mal connu.



MDG : Pourtant, c’est le seul argument pour lequel on obtient un plan de chasse.

BJ : C’est vrai pour toutes les chasses. Je participe à une petite chasse communale, tous les animaux sont comptés tous les ans partout. Sur 3 jours avec des recoupements, on compte tout, les chevreuils, les sangliers, les lièvres ; les animaux nuisibles et non nuisibles. Tout est répertorié et envoyé aux autorités. Je suis considéré comme Compteur, et non pas Conteur comme vous. Mon nom est répertorié à la Préfecture comme tel. Nous ne voyons pas beaucoup d’écologiste de salon …

MDG : Ce sont bien ces Commissions évoquées qui fixent le seuil de surpopulation du gibier. Prenez le cas des Propriétaires de forêts : ils sont parfois contre les animaux. Eux, il n’en voudrait plus, leurs domaines seraient tellement plus simples à gérer. En face, il y a les chasseurs, qui eux trouvent qu’il n’y a jamais assez d’animaux.

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Et au milieu vous avez l’Etat. Parfois les riverains, les représentants des agriculteurs, des experts. Finalement, la chasse, c’est l’un des éléments de ressources dans la forêt. Le bois met quand même un petit peu de temps à pousser. La chasse est un quand même d’un rendement immédiat qui ne coûte rien, puisque les chasseurs se débrouillent tous seuls. Du coup, il y a cette discussion qui fait que les forêts existent.

Vous voyez, l’Equipage vient de fêter ses 50 ans. La première forêt qu’on a louée est celle de Loudéac ; il n’y avait pas un cerf dedans. Aujourd’hui on arrive à en prendre autour de 10. C’est nous qui les avons apportés avec l’accord de l’ONF et des bois privés. Et aujourd’hui, cela sert à tout le monde. Les Chasseurs à tir tirent les biches et les faons de l’année. Et puis nous, on prend les cerfs, et ainsi l’équilibre est respecté.

La forêt continue à monter, et elle a été beaucoup réaménagée avec les accès, et ainsi de suite, comme à Loudéac avec de grandes parcelles. Aujourd’hui, ça colle. La surpopulation du gibier se produirait, s’il n’y avait pas la chasse. C’est clair que le jour où vous l’arrêtez, il n’y a plus de forêt. Et le monde agricole ne le supporterait pas.

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Débuché : …et la sylviculture non plus. Ce sont les chasseurs qui permettent de financer tout le système par l’instauration de périmètres électriques pour protéger tous les animaux, et par leur nourrissage. Ici en forêt, c’est 6 de Ha maïs, 200 T de betteraves rien que pour eux, payés par les chasseurs.

MDG : …et le remboursement des dégâts aux agriculteurs.

Débuché : Tout ce petit monde des Ultra-écolos, ils ne connaissent pas la vie des animaux. Ils parlent à la télévision dans les reportages, mais avec ignorance. Le jour où il n’y aura plus de chasseurs, il n’y aura plus d’animaux.

  • Prenez le cas des Vegans, contre la viande, certes, etc. Mais sans aucun élevage, il n’y aurait aucuns produits dérivés de consommation courante : ni lait, ni beurre, ni yaourts, ni fromages, etc…

MDG : Si l’on va dans cette direction-là, c’est la dégénérescence de l’homme…

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BJ : Aujourd’hui, certains médecins commencent à pointer les carences induites par le Véganisme, en développant d’autres maladies. Je voudrais juste rebondir sur ce qu’a disait Michel tout-à-l’heure sur Loudéac. L’histoire le démontre, toujours après les grandes périodes de guerre et de braconnage inhérents aux disettes, les populations animales ont été détruites. Comme la Mère de Michel de GIGOU qui a réintroduit le cerf en forêt de Loudéac. Systématiquement les cerfs ont été réintroduits par les grands propriétaires terriens, les dirigeants, même Napoléon, après les périodes de guerre, de révolution, etc.

Évidemment il y a eu des problèmes d’alimentation. Qu’est-ce qui se passe en période de disette ? Des braconnages dans les forêts, qui sont toujours pillées. Alors, les Ecologistes nous disent : « Il faut protéger ci et çà. » Mais ce sont les chasseurs, les grands propriétaires terriens, ou une décision de l’Etat, depuis François I°, qui ont constamment réintroduits les grands animaux, notamment le cerf, dans les forêts. Tels Louis XIV, Napoléon, etc. Voilà pour la petite histoire. Après, ce sont les riverains, des passionnés, comme la mère de Michel, qui agissent, et çà c’est national. Aujourd’hui, les Ecologistes dans des bureaux ou sur les plateaux, commencent à venir revendiquer tout et n’importe quoi, mais si les chasseurs n’étaient pas là, cela n’existerait pas.

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Ils font une projection sur les animaux sauvages ou de ferme à partir de ce qu’ils savent de leur chien ou de leur chat !!!
Qui gère les forêts, les zones humides, la faune sauvage ?!!!
Pas les écologistes et autres végans antispécismes…

MDG : Ils méconnaissent complètement la nature, mis à part certains.

BJ : Je préfère le terme Écologues, les vrais, aux Écologistes. A la Fédération des Chasseurs, il y a des Écologues. Des gens qui connaissent la faune, et ont une autre approche, qui connaissent très bien les différences. Ils essayent d’avoir une biodiversité raisonnée, et non pas idéologue.
En dehors des belles paroles, on ne voit jamais d’écologistes s’occuper de la réhabilitation d’un territoire et de sa biodiversité…

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MDG : C’est complètement vrai parce que cela amène à l’équilibre des relations entre l’animal, la la faune et la flore, bien sûr. Entre l’agriculteur qui lui veut se spécialiser éventuellement dans certaines cultures, et qui peut être un petit peu embêté par les animaux en forêt. Et aujourd’hui, je le redis, l’équilibre est maintenu par l’action de chasse.

Si demain vous supprimez les chasseurs que nous sommes, les chasseurs à courre et à tir, on fera comme en Suisse, on paiera des gens pour éliminer le gibier.

Débuché : Ou alors on l’empoisonnera, discrètement, en hypocrite comme dans certains pays…

MDG : On l’exterminera, alors qu’on laisse proliférer le loup, le lynx…

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  •  Sinon, est-ce que la menace de la 6° extinction animale de masse vous inquiète ?BJ : Oui, elle a commencé, mais cela fait partie des cycles de la Planète. À un moment donné, penser qu’elle ne bouge pas, qu’elle est figée est totalement faux …Certains oiseaux disparaissent, d’autres réapparaissent, c’est ainsi. Réétudiez Darwin et la théorie de l’évolution. Idem pour les Dinosaures…
  • Oui, et on n’a pas fait de pétitions pour qu’ils reviennent…

BJ : C’est un processus de régulation. Prenez le récent débat avec le Président de la Fédération des Chasseurs qui est monté au créneau par rapport aux dates de chasse à l’oie. Il y a quelque chose qui est très symptomatique dans les pays très écologistes. Qu’est-ce qui s’y passe avec la surpopulation des oies ? Ils les gazent ! C’est d’une relative hypocrisie.

Nous demandions 2 jours supplémentaires d’ouverture, je crois, pour la chasse aux oies sauvages. Car en Bretagne on a pas leurs pleines périodes de migration. Aux Pays-Bas, quand les fientes de ces volatiles arrivent, tout est brûlé pendant 3 ans dans les champs. Cela agit comme de l’acide sulfurique sur une prairie. Donc, ils les gazent, comme ils ont limité leurs chasses. C’est un peu du n’importe quoi, et c’est ce qui se passe aujourd’hui.

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On est dans le phénomène du sentiment et de la sensiblerie, de l’émotion. On voit même les détracteurs de la chasse jusqu’à maquiller les vidéos pour attirer l’audience. Si un jour il y a vraiment un débat public sur ce sujet, je ne suis pas persuadé qu’ils soient les gagnants.

MDG : De fait, ce qui est marrant, c’est qu’il n’y a pas de débat avec ces gens-là. Si vous les écoutez, ça va, mais si vous avez le malheur de les contestez, vous prenez une volée de bois vert. C’est ce que je reproche à ces publications, télévisées et autres, le sens unique, l’absence de débat serein.

BJ : Ce qui intéresse les gens à un moment donné, d’une part c’est l’émotion, d’autre part, la sensation. Je suis intervenu pas mal cet hiver sur les réseaux sociaux dans tous les débats sur Compiègne et autre. À ce moment, les journalistes étaient en mal de sensationnel, ils faisaient la une du Courrier Picard ou du Parisien, alors qu’ils s’occupaient d’habitude des chiens écrasés.

MDG : D’ailleurs, on s’intéresse plus à un train qui arrive en retard qu’à l’heure…

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Débuché : Et donc plus à la mort d’un cerf à Compiègne, alors qu’à côté de cela, il y a des milliers de victimes en Syrie. Tout le monde est blasé.

BJ : Alors que nous la Vénerie, nous ne représentons que 1% des prélèvements du gibier.

MDG : On se sert aussi de chevaux, 7000 destinés à l’abattoir au total, sont convertis à la chasse.

  • Il faudra bien un jour le reconnaître ! Dont acte.
  •  Vous disiez aussi qu’il faut 2 chasses et demi pour prendre un cerf. Donc, à des moments, on le gracie… ?

MDG : Non, ou ils se sauvent…Écoutez, je vais vous dire, beaucoup de chasseurs disent « on les gracie », alors qu’ils n’arrivent pas à les prendre.

BJ : Il y a aussi le cas de maîtres de place, des reproducteurs, dans certaines forêts, en accord avec les propriétaires, qui décident de prendre ou non tel ou tel animal, ou non. Il y a plein de raisons où l’on peut le faire.

 

 

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MDG : Oui, mais il ne faut pas le faire trop souvent. Il y a un plan de chasse. Vous parliez de la sensibilité du chien : il est organisé pour prendre. Il a confiance dans l’homme qui s’occupe de lui. Quand un cerf est aux abois, ils sont prêts à y aller. Si on leur dit de rentrer au Chenil, ils ne comprendraient pas. Il y aurait alors une espèce de conscience qui n’existerait plus. C’est le pacte.

  • Y a-t-il des chasses Foxhound en France, où la chasse compte plus que la prise (cf. Livre blanc de la Vènerie) ?

MDG : Le Foxhound, vous savez ce que c’est ? Le Hound en Angleterre, c’est le chien de chasse, et Fox, le renard. Nous pourrions faire le Foxhound puisque l’on a des chiens. Il y a d’ailleurs des Équipages de Renard. Là, vous voulez parler du Drag, de la chasse bidon.

  •  Mais qui poserait un problème puisque sans prise, le pacte serait rompu avec les chiens ?

MDG : Tout est bidon là. C’est possible en Angleterre, parce que pour eux, l’essentiel est de sauter les haies, les barrières. Il n’y a que cela qui les intéresse ! Finalement, ils connaissent tous le parcours par cœur. Les chiens jouent le jeu à radada pendant 20 mn…

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BJ : La loi anglaise fait que l’attaque sur l’animal ne doit pas être du fait de l’homme. Par exemple si vous avez un Drag avec un renard, et que c’est le chien qui le croise par hasard, ne n’est pas du fait de l’homme ! Voici l’équilibre. Du plus la plupart des chasses sont sur des domaines privés. C’est très anglais comme attitude. Finalement, tout le monde a fini par chasser comme avant. C’est un peu hybride, officiellement on n’a pas le droit de chasser, mais on chasse quand même.

Ceux qui font vraiment du Drag, les Allemands, c’est une autre histoire. Leur chasse a été interdite dans la continuité du Traité de Versailles après 14-18 et l’avènement de Hitler, antispéciste avant l’heure qui a promulgué une loi anti-chasse au chien courant en 1934. Idem après la Seconde Guerre Mondiale. Une génération de Meute a été perdue. Et du coup, ils n’ont jamais vraiment repris derrière, avec la reconstruction, et réactualisé en 1950 la loi de 1934. Un bel exemple !

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Leur Drag fonctionne ainsi. Pour ne pas utiliser un animal comme appât, ils prennent une panse de vache qu’ils ont fait macérer. Il y a un cheval qui part avec une pipette laissant une trace. Et après on court derrière 2 heures en forêt. C’est un jeu de remplacement.

 

© Eric LE NOUVEL

 

Avec tous nos remerciements aux participants de l’Equipage et du Chenil de la Hardouinais à cet entretien.

Toutes les photos hors Chenil sont © Equipage de la Hardouinais.

ANNEXE : Livre Blanc de la Vènerie.

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